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Guide des Lapidiales et de Port-d'Envaux : l'art, la Charente et le château !

 

Salut les affamés de culture et les explorateurs de l’improbable ! Aujourd’hui, on ne se contente pas de vous présenter un lieu, on vous livre le mode d’emploi complet pour une escapade inoubliable. Oubliez la route toute tracée entre La Rochelle et Oléron. On prend un virage à 90° pour s’enfoncer dans les terres charentaises, là où des silhouettes de pierre intrigantes nous font de l’œil au bord des routes de campagne.

Notre destination ? Un duo de choc : Les Lapidiales, une ancienne carrière familiale transformée en un chantier d’art monumental, et Port-d’Envaux, le charmant village qui lui sert d’écrin. C’est l’histoire d’un rêve d’artiste, celui d’Alain Tennenbaum, qui a décidé en 2001 de lancer un projet dont il était absolument certain de ne jamais voir la fin. L’idée ? Créer une œuvre qui serait poursuivie par les générations futures, un héritage sculpté dans une pierre vieille de 92 millions d’années.

Le résultat est un univers fantasmagorique, une galerie à ciel ouvert où des sculpteurs des cinq continents sont venus tailler leur vision du monde. Et la cerise sur le gâteau ? C’est gratuit, en accès libre, ouvert jour et nuit, toute l’année. En plus de 20 ans, pas la moindre dégradation. Un lieu qui vit au rythme des coups de marteau et où l’on sent « quelque chose qui se passe ».

Alors, enfilez vos meilleures godasses, préparez votre glacière et suivez le guide pour une visite complète, de la plus petite sculpture aux meilleures astuces pour profiter de la région.

Votre visite des Lapidiales : le guide zone par zone

Pour ne pas vous perdre, Alain Tennenbaum a eu la bonne idée de diviser le site en cinq zones thématiques : les quatre éléments (Feu, Eau, Terre, Air) et, au milieu, le Temps, qui s’amuse comme un petit fou.

Zone 1 : Le FEU – le seul et unique monument aux morts… pour rien !

On commence par une claque conceptuelle. Ici se dresse le « Monument aux morts pour rien », une œuvre unique au monde. C’est la première chose que l’on voit et elle donne le ton. Pas de patriotisme larmoyant, juste une interrogation puissante et poétique sur l’absurdité de la guerre. C’est audacieux, c’est fort, c’est Les Lapidiales.

Zone 2 : Le TEMPS – quand chronos pète un câble

Cette zone est l’œuvre d’un seul homme, Alain Van den Broeck, qui a passé plus de six mois, en plusieurs résidences, à graver sa folie douce dans la pierre. Il a commencé classiquement avec Chronos dévorant ses enfants (un mythe sympa pour l’apéro), puis il est parti en roue libre totale. On y découvre une courbe de Fibonacci, un escargot géant qui fait la course avec une bagnole, une chimère et des milliers de symboles cachés. C’est son « petit Petra » personnel, un endroit où l’on pourrait passer des heures à tout déchiffrer.

Le thème du temps est crucial ici. Contrairement aux symposiums classiques où les artistes ont 15 jours et des machines de guerre pour sculpter, aux Lapidiales, on leur donne le temps. Une sculpture a par exemple nécessité neuf mois de travail, répartis sur plusieurs résidences. C’est cet allié, le temps, qui permet à la magie d’opérer.

Zone 3 : L’AIR – l’abîme d’azur et ses géants

En grimpant sur les plus hauts fronts de taille, on entre dans la zone Air, baptisée « l’Abîme d’Azur ». La star incontestée est la plus grande sculpture en pierre maorie du monde, œuvre de Paoa Ratoa Teyran-Jhia. Il est revenu trois fois (2009, 2011, 2013) pour achever ce chef-d’œuvre qui raconte sa cosmogonie. L’œuvre est si importante que la chefferie maorie de Nouvelle-Zélande est venue en 2015 la consacrer en y incrustant une pierre de jade sacrée et en confier la garde au site. À côté, un géant semble s’extraire de la roche, une femme voit son esprit s’évader en papillons et un couple japonais est relié au soleil par un cordon ombilical.

Zone 4 : La TERRE – entre hommages et fantasmes

La zone Terre se divise en deux. D’un côté, les grottes, représentant « la face cachée des choses, les fantasmes ». On y trouve un autel poignant à la mémoire des anciens carriers, créé par Joël Tenzin. Mais comme l’humour n’est jamais loin, pour se « foutre de la gueule » de l’obligation de travailler à la main, l’artiste a planqué une perforatrice Hilti dans le catafalque ! Il a même laissé ses godasses sur place depuis 2007.

Dehors, c’est « Terre Planète Vie », le théâtre de pierre du site. C’est là qu’on trouve ce qu’Alain Tennenbaum considère comme la plus belle sculpture du lieu : une tête de bébé réalisée avec une économie de moyens géniale, juste trois coups de pointe qui disent tout. Non loin, une mère tentaculaire et captive, sculptée par Laurent Roussely, change de couleur au fil des saisons sans que personne ne sache vraiment pourquoi.

Zone 5 : L’EAU – cohabitation explosive et bataille de mythes

La zone Eau, la plus proche de la Charente, a été le théâtre de collaborations… mouvementées. Imaginez une artiste espagnole, « très féministe et très rigoriste », forcée de cohabiter avec un compatriote qui « picolait tout le temps ». Pour « l’emmerder », il a sculpté un petit Priape (dieu de la fertilité) et un « cul un peu raté ». Finalement, ils ont trouvé un terrain d’entente : elle travaillait le matin pendant qu’il cuvait, et il prenait le relais l’après-midi. Les joies de la création partagée !

On assiste aussi à une confrontation culturelle fascinante : un artiste colombien et sa vision de l’Amazonie font face à un sculpteur zimbabwéen qui a représenté Nyami Nyami, l’esprit du fleuve Zambèze qui s’est battu contre la construction d’un barrage par les Anglais.

Le futur est en marche : la « galaxie des pierres levées »

Si vous pensiez que le projet était déjà fou, attendez de voir la suite. Depuis une dizaine d’années, les fronts de taille étant pleins, les artistes travaillent sur des blocs de pierre extraits de carrières de la Vienne, qu’ils appellent les « pierres levées ».

Ces mégalithes sont destinés à un projet encore plus pharaonique : la « galaxie des pierres levées ». L’objectif ? Installer 365 sculptures sur un terrain à Crazannes pour créer un immense musée à ciel ouvert. Un chantier qui devrait prendre encore une quarantaine d’années !

Mais la vision va au-delà de la sculpture. Ce projet repose sur trois piliers :

1. Le champ de mégalithes : Une œuvre d’art totale.

2. Les itinéraires imaginaires : Les pierres serviront à borner le territoire, signalant des lieux intéressants comme les villages de « Pierre et d’Eau ». Quelques-unes sont déjà en place, comme celle en hommage à l’ingénieur du pont transbordeur ou à Champlain à Brouage.

3. Les échanges culturels : Le but ultime. Utiliser l’art comme prétexte pour connecter les humains. Des vignerons d’ici pourraient échanger avec ceux du Caucase, des colloques sur l’éducation, la cuisine, l’architecture pourraient être organisés.

Guide pratique du visiteur avisé

Maintenant que vous êtes hypés, passons aux choses sérieuses. Comment on organise sa virée aux Lapidiales ?

Comment y aller ? Les Lapidiales se trouvent sur la commune de Port-d’Envaux, à une dizaine de kilomètres de Saintes et à 70 km de nos appartement à La Rochelle. L’accès est simple, en pleine campagne.

Où se garer ? Un parking est disponible à l’entrée du site. Bonne nouvelle pour les camping-caristes : la barre de hauteur semble avoir été enlevée. Attention cependant, un panneau indique que le stationnement des camping-cars est interdit entre 22h et 6h du matin. Vous ne pouvez donc pas y passer la nuit.

Horaires et Tarifs ? On le répète car c’est assez dingue : c’est 100% GRATUIT et accessible 24h/24, 7j/7. N’hésitez pas à y aller au lever ou au coucher du soleil pour des lumières magiques.

Combien de temps prévoir ? Comptez une bonne heure pour faire le tour tranquillement, mais vous pouvez facilement y passer plus de temps si vous vous attardez sur les détails. Un parcours de randonnée de 2 km est également possible aux alentours.

À prévoir ?

De bonnes chaussures. C’est une ancienne carrière, le sol est inégal.

De l’eau, surtout en été.

Votre appareil photo, évidemment.

Le respect absolu du lieu. C’est grâce à la bienveillance des visiteurs que le site reste intact.

Attention aux horaires locaux ! Si vous prévoyez de visiter le petit musée ou d’autres attractions à proximité, sachez que beaucoup de choses peuvent être fermées entre 12h et 14h pour la pause déjeuner.

Au-delà des pierres : explorez Port-d’Envaux et ses trésors

Les Lapidiales sont la porte d’entrée vers Port-d’Envaux, et ce serait dommage de ne pas y faire un tour.

Port-d’Envaux, le village charmant

Descendez vers le fleuve pour découvrir un charmant petit embarcadère, où accostaient autrefois les gabarres chargées des lourdes pierres de calcaire. Le village est un havre de paix. Sur la rive gauche, admirez les anciennes maisons d’armateurs avec une vue imprenable sur le fleuve.

La Charente, votre oasis de fraîcheur

Le fleuve est le cœur battant de la région. N’hésitez pas à vous rapprocher de l’eau pour découvrir la rive droite, restée sauvage et partagée par les touristes, les pêcheurs et la faune. L’été, la baignade est une tradition locale, un point de rencontre où l’on refait le monde en maillot de bain. C’est un plaisir simple et essentiel, une véritable communion avec le cadre incroyable.

Le château de Panloy : un saut dans le xviiie siècle

Juste là, au bord de la Charente, se dresse le magnifique château de Panloy, datant du XVIIIe siècle. Sa particularité ? Il appartient à la même famille depuis sa reconstruction. Une visite s’impose pour les amateurs d’histoire et de belles pierres.

Où manger un bout ?

Port-d’Envaux est un petit village, mais vous y trouverez de quoi vous sustenter. Pour plus de choix, la ville de Saintes, avec son riche patrimoine gallo-romain, n’est qu’à quelques minutes en voiture et regorge de restaurants.

Conclusion : plus qu’une visite, une expérience

Vous l’aurez compris, les Lapidiales et Port-d’Envaux ne sont pas une simple destination touristique. C’est une expérience complète. C’est la confrontation physique avec une pierre qui a 92 millions d’années, une rencontre qui impose l’humilité et le respect. C’est un lieu où les artistes ne sont pas en compétition mais sont cooptés, où l’on peut discuter avec eux pendant qu’ils travaillent à la main, sans le bruit assourdissant des machines.

C’est une richesse « assez dingue », un projet humain et artistique hors-norme qui fait corps avec la nature. Alors, la prochaine fois que vous cherchez une idée de sortie, ne cherchez plus. Foncez découvrir ce royaume rocheux. Allez-y à midi sous un soleil de plomb ou à minuit sous la lune. Vous ne le regretterez pas. C’est une invitation à ralentir, à contempler, et à se rappeler que les plus beaux projets sont ceux qui prennent leur temps.

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